Champs spécifique – brûlure

Définition

Transfert d’énergie entre une source et la peau (ou muqueuse) entraînant une destruction plus moins importante de la peau

Types

  • Thermiques : 94%
  • Electriques, chimiques, irradiations, mécaniques (frottement) : 6%

Conséquences

  • Fuite hydro-électrolytique externe (suintement) et interne (oedème) : 2ème cause de mortalité après la cause
  • Perte calorique (hypothermie) et protéique (perte d’albumine)
  • Immuno-dépression par emballement inapproprié du système immunitaire
  • Déséquilibre glycémique
  • Infection par perte de la barrière, immunodépression + chambre chaude + humidité (patient suite)
  • Douleurs, séquelles en cas de brûlure profonde

Evaluation de la gravité

Gravité selon l’étendu

Règles des 9 de Wallace

  • Règle approximative mais utilisée couramment par les centres et les secours
  • Pourcentages valables uniquement pour les adultes

Paume de main : règle des 1%

  • La surface de la paume du patient correspond à 1% de la surface totale

Tableau de Lund and Browder

  • Pourcentage pour chaque zone du corps
  • Prend en compte l’âge du patient et la profondeur de la brûlure

Gravité selon la profondeur

1er degré

  • Erythème (rougeur) et douleur, “coup de soleil”
  • Touche les couches superficielles de l’épiderme
  • Cicatrise en moins de 7j
  • Desquamation possible mais sans cicatrice

2ème degré superficiel

  • Phlyctène (cloque)
  • Sous-sol rouge vif hyperalgique
  • Blanchiment à la vitropression puis rougit à nouveau
  • Cicatrise sans séquelle <12j
  • La bulle se décolle à l’intérieur de l’épiderme mais ne touche pas aux cellules basales qui permettent la cicatrisation

2ème degré profond

  • Phlyctène +/-
  • Sous-sol rose pâle peu sensible, pas suintant ni hypersensible
  • Cicatrise très difficile >21j, nécessite souvent une greffe
  • Scarification en surface : ne saigne pas ; scarification en profondeur : saigne

3ème degré

  • Peau totalement brûlée mais pas ce qu’il y a en dessous
  • Noir, brun ou blanc : dépend de l’agent qui brûle
  • Insensible à la piqûre et à la scarification
  • Ne cicatrise pas spontanément
  • Nécessite une greffe

4ème degré

  • Atteinte dépassant la peau

Règles des 3 semaines

  • Toute brûlure non cicatrisée à 3 semaine est une brûlure profonde : elle doit être greffée
  • Savoir quand la brûlure a été faite, ne pas se fier à ce qu’on voit sur le moment

Gravité selon la localisation

  • Organes sensoriels : oeil, main
  • Risques fonctionnels : mains, plis flexion, région faciale
  • Risques infectieux : région périnéale, problèmes urinaires et fécaux
  • Risque d’effet garrot : brûlure profonde et circulaire (inextensible -> oedème -> incision nécessaire)

Gestes en cas de brûlure

Refroidissement

  • Eau courante (15°) pendant 10-15mn le plus tôt possible : diminue l’approfondissement de la brûlure (inversion d’échange de la chaleur)
  • Gels d’eau
  • Si eau trop froide : risque de vasoconstriction et d’aggravation
  • Attention au risque d’hypothermie pour les grands brûlés

Incisions de décharge

  • Pour les brûlures circulaires et profondes
  • Brûlure inextensible sur gonflement par oedème : effet garrot
  • Geste d’urgence : sectionner la peau pour éviter l’ischémie

Complications

Approfondissement

  • Brûlure superficielle qui devient profonde
  • Causes : sepsis, drogue, diabète, cigarette

Atteintes respiratoires

  • Brûlure de l’arbre respiratoire par inhalation de fumée
  • Brûlure vibrisse nasales : poils du nez
  • Voix rauque : oedème du larynx
  • Toux avec expectoration de suie : dans les bronches
  • Sibilances : oedeme dans les bronches

Bilan par fibroscopie bronchique

Autres atteintes respiratoires

  • Blasts (explosion) : onde de choc avec des lésion de pression au niveau des alvéoles pulmonaires (examen par otoscopie)
  • Intoxication au Co (monoxyde de carbone) : oxygénation, caisson hyperbare pour remplacer le CO par de l’O2
  • Intoxication au cyanure : combustion des matières plastiques dégage du cyanure. Traitement par hydroxo-cobalamine (antidote du cyanure) à injecter rapidement

Facteurs pronostics

  • Pourcentages des brûlures
  • Profondeur (et circulaire ou non)
  • Lacalisation (visage, main, périnée)
  • Terrain / âge
  • Pathologie associée (fracture, atteinte respiratoire)
  • Score de Baux (âge + surface brûlée) : score <50 = 100% survie ; >100=20% de survie
  • Cotation UBS (unité Brûlée Standard) : surface brûlée + 3x surface en 3ème degré : mineure (25UBS), grave (100), mortelle (200)

Cas de figure

  • Pas d’hospitalisation : brûlure <10%, superficielle, jeune, sans tare ni lésions associées
  • Hors de ces critères : hospitalisation

Traitements

  • Réanimation hydro-électrolytique
    • 20 à 30ml/kg de Ringer Lactate pendant 1h
    • Règle d’Evans : 1ml/kg/% de surface corporelle brûlée
    • Critères de bons remplissages : pouls, PA, diurèse, pesée quotidienne
  • Chirurgie : incision de décharge/greffe
    • Avant 5j pour éviter les risques d’inflammation, de surinfection, de rétractions, de dénutrition
    • Plan tangentiel ou par avulsion (plan en dessous)
    • Greffe de peau pleine : meilleur résultat. Prise pas bistouri
    • Greffe de peau expansé : plus économique. Prise par dermatome
    • Technique de Meek : pouvoir d’expansion plus grand mais difficulté sur infection (collé avec du Thul) et plus chère
    • Substitut dermique : recouvrement d’attente, amélioration qualitative
    • Homogreffe (quand autogreffe impossible) : peau prélevée sur cadavre (xenogreffe : sur animaux). Marche temporairement car réaction immunologique de rejet) : couverture temporaire pour constituer une protection contre les bactéries et la fuite d’hydro-électrolytique
    • Mixte (technique du sandwich) : autogreffe recouverte d’homogreffe en cas de maille très large
    • Culture d’épiderme : exception, pour grands brûlé (70-80%), long (3 semaines), très cher, très fragile, parfois le patient meurt avant
    • Lambeau : tissu cutané avec autonomie vasculaire pour fermer une cavité ou structure incapable de cicatriser
  • Soins infirmiers : pansements complexes
  • Kiné : depuis la phase aiguë jusqu’à la fin des séquelles
  • Nutritionniste pour la perte calorique (cicatrisation consomme des calories)
  • Vaccination anti-tétanique, pas d’antibiotique (sauf en cas d’infection)

Les types de brûlure

Les brûlures électriques

  • Brûlure consécutif au passage du courant à travers le corps, avec un point d’entrée et un point de sortie, avec passage entre les 2. A différentier de l’arc électrique (flamme ou chaleur issue d’une explosion électrique)
  • Passage à travers le corps : peut léser les organes (os, nerfs, muscles)
  • L’os est un mauvais conducteur électrique. Il chauffe et brûle le muscle et peut provoquer un syndrome de loge par gonflement du muscle.
  • Les fibres musculaires éclatent et libèrent de la myoglobine qui passe dans la circulation et provoque une insuffisance rénale

Les brûlures chimiques

  • Base : nécrose molle (liquéfaction)
  • Acide : nécrose sèche
  • Traitement : lavage à l’eau pour diluer et éliminer le produit
  • Diphlotérine : bloque toute réaction chimique
  • Cas particulier : inhalation fumée toxique qui passe par les poumon puis dans la circulation systémique. En cas de doute, appeler le centre anti-poison (Fernand Widal)
  • Acide fluorhydrique : pansement au calcium qui attire le produit vers l’extérieur comme une pompe

Brûlure et fracture

  • Difficulté diagnostic car le patient est souvent sédaté
  • Traiter la fracture avant la brûlure : chirurgie par clou centro-médullaire (ouverture minime pour diminuer le risque de sepsis)
  • Commencer le plus tôt possible. Après un délai de 12h, chirurgie par fixateur externe

PEC après la phase de cicatrisation

  • Phase d’hypertrophie puis maturation : risque de démangeaison par manque de maturation : s’améliore avec le temps.
  • Crème hydratante pui relipidifiante pour remplacer la sueur et le sébum
  • Pressothérapie : vêtement compressif appui sur la cicatrice pour améliorer la maturation cicatricielle
  • Cure thermale : essentiellement intérêt de la douche filiforme, réadaptation sociale, action sur le prurit et l’hypertrophie

Evolution spontanée des greffes

  • Rétraction, séquelles esthétiques et fonctionnelles
  • Traitement des séquelles vers 1 an après la brûlure par greffe ou lambeau
  • Greffe de peau : plus elle est épaisse, plus elle sera élastique et esthétique, et moins elle se rétractera

Techniques chirurgicales

Lambeaux

  • Lambeau de transposition : faire basculer un morceau de peau pour recouvrir un trou
  • Bride du pli du coude : lambeau thoracique provisoires sur le pli du coude puis sevrage

Plastie en Z

  • Effet d’allongement par échange de laxité hauteur/largeur
  • Uniquement sur les brides linéaires (bride : corde qui empêche le mouvement)

Plasties en trident

  • Bride la première commissure

Expansion

  • Ballon sous la peau pour expandre (comme femme enceinte)
  • Seule technique qui augmente le capital de peau saine
  • Augmente la taille du lambeau

Reconstruction en 3D

  • Reconstruction d’oreille avec du cartilage costaux
  • Se fait aussi pour le nez, les paupières

Autres complications

Ostéomes

  • Fréquent chez les grands brûlés
  • Coude le plus touché
  • Parfois asymptomatique
  • Opération pour exciser l’écaille osseuse
  • Kiné post-op

Cancérisation

  • Le plus souvent sur des cicatrices de plus de 10 ans
  • Biopsie sur plusieurs endroits : certaines zones peuvent être positives, d’autres négatives
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