Physiopathologie des lésions cutanées

Introduction

Définition

Cicatrisation

Processus biologiques qui surviennent à la suite d’une plaie et permettent la réunion des parties divisées

Parties molles

  • Peau et tissu sous cutané + éléments qui y passent : tendons, nerfs, vaisseaux, muscles
  • Excluent les os, les articulations et les organes

Cicatrisation cutanée

Composition de la peau

  • Epiderme : tissu épithéliale (couche la plus superficielle) permet un recouvrement étanche
  • Derme : tissus conjonctif assurant l’élasticité et la solidité de la peau

2 phénomènes cicatriciels

  • La cicatrice conjonctive
  • Le recouvrement

Rôle de la peau

  • Protection contre les traumatismes mécaniques (chocs)
  • Régulation thermique (vasomotricité, sudation)
  • Barrière contre les pertes hydro-électrolytoques
  • Barrière contre les invasions bactériennes
  • Sensibilité tactile, nociceptive, thermique
  • Esthétique

Constitution de la peau

Epiderme (épithélium)

  • Constitué de cellules kératinocytes posées sur la membrane basale
  • Ce sont des cellules basales qui meurent et qui remontent à la surface
  • “Turn over” (tapis roulant) qui renouvelle l’épiderme
  • Toutes les kératinocytes sont renouvelées toutes les 2-3 semaines

Derme (tissu conjonctif)

  • Constitué de fibroblastes qui fabriquent les fibres collagènes (solidité) et d’élastine (élasticité)
  • Annexe épidermique (follicules pileux, glandes sudoripares et sébacées) capable de synthétiser des poils mais également de l’épiderme en cas de cicatrisation

Hypoderme

Couche graisseuse

Causes de blessure

  • Plaie traumatique franche : couteau
  • Plaie contuse : objet non tranchant
  • Arrachement
  • Ecrasement avec nécrose cutanée
  • Plaie chirurgicale : incision ou excision
  • Brûlure, escarre

Cicatrisation

Physiologie globale

  • Phénomène biochimique -> mécanismes histologiques -> évolution clinique
  • Blessure épiderme/derme -> nécrose cellulaire avec effraction vasculaire -> formation caillot de sang (permet l’arrêt de l’hémorragie) -> début de cicatrisation

Les 3 étapes de la cicatrisation

Détersion : évacuation de la nécrose et du caillot (nettoyage de la plaie)

  • Granulation (bourgeonnement) : cellules comblent la plaie par un bourgeonnement charnu (cicatrisation conjonctive)
  • Epithélialisation (épidermisation) : recouvre le tissu de granulation

Les phases du bourgeonnement

Prolifération de fibroblastes

  • Migre dès 48 heures à partir des berges puis multiplication
  • Synthétise la substance fondamentale de la matrice intercellulaire (glycosaminoglycanes)
  • Synthèse du collagène de type III (embryonnaire ou “immature”) puis type I et d’élastine

Les myofibroblastes

  • Proviennent des fibroblastes et contiennent des cellules contractiles
  • Les plaies se rétractent par l’action des myofibroblastes

Bourgeon charnu

  • Tissu de granulation de couleur rouge
  • Attention à l’hyper bourgeonnement (quand le tissu va plus haut que la peau)

Phase d’épidermisation

  • Quand la plaie est comblée
  • Migration des kératinocytes qui sont autour de la cicatrice
  • Les mélanocytes (pigments de la peau) et les cellules de Langerhans (cellules immunologiques) colonisent ensuite l’épiderme

Aspect bactériologique

  • La plaies n’est jamais stérile, il y a toujours des bactéries
  • Elles jouent un rôle de détersion suppurées de la plaie : elles mangent le pu de la nrécose
  • Si infection virulente : blocage de la cicatrisation et possible infection locorégionale ou générale (septicémie)

Types de cicatrisation

Cicatrisation de seconde intention

  • Correspond aux 3 phases : détersion – bourgeonnement – épidermisation
  • Les 2 berges sont à distance : perte de substance
  • Evolution avec pansement simple

Cicatrisation de première intention

  • Traitement chirurgical pour fermer directement la plaie
  • Conditions nécessaires
    • absence d’infection
    • absence de nécrose
    • parage chirurgical parfait
    • Suture bord à bord : 2 berges en contact
  • Risque de rétraction
    • évolution centripète au niveau de la plaie
    • Diminue la taille de la plaie : bénéfique ou délétère ?
    • Bord rosé autour de la plaie : début de migration kératinocytose

Remodelage de la cicatrice

  • Dernière étape: maturation cicatricielle
  • Dure plusieurs mois voire jusqu’à 2 ans
  • Derme se transforme en tissu ressemblant à un derme normal (pas de retour à l’état antérieur)

Type de cicatrice

Cicatrice normal

  • Premiers mois : phase hypertrophique (inflammatoire, rouge, chaleur, démangeaison)
  • Quelques mois après : inflammation diminue, dégonflement
  • 1 an : mature

Cicatrice hypertrophique

  • Hyperplasie persistante au-delà de 12 mois
  • Guérit en 18 mois à 2 an
  • Aspect rouge, gonflée (anomalie)

Cicatrisation chéloïde

  • Cicatrice indéfiniment immature, siège d’une inflammation chronique
  • Facteurs favorisants
    • Localisation : région deltoïdienne, pré-sternale, scapulaire, ppubienne, oreille (surtout lobule)
    • Âge : <30 ans (les vieux ont des cicatrices moins visibles)
    • Ethnie : surtout personnes noires et asiatique

Cicatrisation nerveuse

  • Dégénérescence de l’axone puis repousse de 1 à 8mm par jour
  • Tous les axones ne retrouvent pas le même chemin parfois
  • Complication : formation de névrome
  • Le courant nerveux ne repasse pas après suture

Vaisseaux

  • Section totale : rétraction avec arrêt de l’hémorragie
  • Section partielle : persistance d’une hémorragie
  • La circulation peut repartir après suture
  • Complications
    • Faux anévrisme : la plaie sur l’artère devient un espace inclus à ‘l’artère (pas issu d’une dilatation)
    • Fistule artério-veineuse : le sang de l’artère va directement à la veine sans avoir irrigué les organes
    • Thrombose

Muscles et tendons

  • Cicatrisation : remplacement des fibres lésées par un tissu fibreux non fonctionnel (non contractile)
  • Le tendon est déjà un tissu fibreux. Il peut présenter des problèmes d’adhérence : le tendon ne coulisse plus

Les escarres

Physiopathologie

  • Nécroses ischémiques par compression pouvant atteindre la peau, le tissu cellulaire sous cutané et les muscles
  • Compression entre un plan dur et une saillie osseuse entraînant une nécrose tissulaire si prolongée
  • L’escarre prend le nom de la saillie osseuse : trochantérienne, ischiatique, sacrée, calcanéenne, etc

Les facteurs de risque

Trouble de la sensibilité/motricité avec :

  • Facteurs psychologiques (démission du patient, dépression)
  • Insuffisance de PEC
  • Malnutrition avec atrophie musculaire
  • Infection urinaire/pulmonaire (maladies intercurrentes infectieuses)

L’escarre peut décompenser cet état très précaire
Traitement : traiter les FDR

Les stades de l’escarre

  • 1. Erythème : rougeur
  • 2. Désépidermisation
  • 3. Ulcération
  • 4. Nécrose (sèche ou humide)

Prévention des escarres

Paraplégique

  • PEC par le patient lui-même impérative
  • Eviter points d’appui prolongé
  • Eviter perte de poids et déshydratation
  • Regarder dans le miroir si des escarres se constituent

Patients dépendants

  • Grabataires ou comateux
  • Surveillance des zones d’appui
  • Changement de position toutes les 2h
  • Matelas de prévention anti-escarre statique ou dynamique, lit fluidisé

Traitement médical des escarres

Traiter tous les facteurs déclenchants ou aggravants

  • Dénutrition
  • Infection (locale, urinaire, pulmonaire, septicémie)
  • Soutien psychologique
  • Mobilisation et PEC kiné
  • Traitement d’une éventuelle tare associée qui se décompense (cause et conséquence)

Traitement chirurgical de l’escarre

Cicatrisation de première intention

  • Absence d’infection, enlever nécrose, suture
  • Recouvrement par un lambeau

Escarre calcanéenne

Pas de solution chirurgicale satisfaisante

Escarres sacrées

  • Chirurgie si escarre unique (les autres ont déjà cicatrisées)
  • Si escarre importante et d’évolution très lente malgré un traitement médical bien consuit
  • Patient volontaire
  • Réalisation : peau et muscle fessier pour combler -> incision en V et cicatrisation en Y ou lambeau en rotation

Escarres ischiatiques et trochantériennes

  • Nécessite toujours une intervention chirurgicale (ne cicatrise quasiment jamais)
  • Ces é localisations communiquent avec une bourse séreuse de glissement au contact de l’os qui, une fois ouverte, empêche toute cicatrisation spontanée
  • Réalisation : lambeau de l’IJ (V-Y) ou du grand fessier pour combler le trou

Escarres trochantériennes

  • Ne cicatrise pas seul
  • Lambeau musculo-cutané de fascia-lata

Escarre de fin de vie

  • Chirurgie de propreté avec parfois amputation
  • Objectif : fin de vie décente

Techniques de chirurgie

Cicatrisation centripète (avec expansion)

  • greffe de peau sur une maille
  • Les kératinocytes migrent vers l’intérieur pour refermer la maille

Cicatrisation centrifuge (technique de Meek)

  • cicatrisation à partir de petits carrés de peau prélevés sur le patient
  • Les kératinocytes migrent vers l’extérieur, démultipliant ainsi la surface de greffe

Substitut dermique

Fabriqué en laboratoire

La matrice est colonisée par fibroblaste en 3 semaines

Reconstitue mieux le derme

Greffe

  • peau qui adhère sur la plaie induisant une épidermmisation

Lambeau

  • peau et muscles vascularisés déplacés d’un endroit à un autre

Attention à la dégénérescence : toute plaie qui ne cicatrise pas depuis longtemps peut être atteint de cancérisation. Faire une biopsie.